Le folklore japonais regorge de monstres, fantômes et bizarreries en tout genre. Tout droit issus des croyances populaire et de la religion shintô, les yôkaï se comptent par centaines dans l'imaginaire nippon. D'abord conte ou légende, manifestation irrationnelle puis personnage, ils sont dans la tradition orale avant d'entrer dans les écrits à partir du 12 ème siècle. Malgré la modernité et la technologie, ils ont toujours leur place aujourd'hui.
Un yôkaï, c'est quoi?Littéralement cela signifie "
chose attirante dont on se méfie", en Français, on peut le traduire par "
démon", "
esprit" ou "
apparition". Datant du Moyen-Age, ils appartiennent au bestiaire médiéval japonais et prennent leur source dans la mythologie chinoise. Ils revêtent une multitude de formes, qu'elles soient animales, monstrueuses ou d'objets avec des membres humains. D'autres sont mi-homme, mi-yôkaï (
Tengu,
Kappa). avec l'ère Meiji et la modernisation du pays, l'existence des yôkaï fut reléguée au rang de superstition. Pendant l'ère Edo, de nombreux artistes peintres les dessinèrent à travers les
ukiyo-e (estampes et peintures narratives) comme Toruyama Sekien qui a permis de mettre une image sur les superstitions. D'autres yôkaï ont été créés par les artistes eux-mêmes et se mélangent à ceux de la tradition folklorique.
Selon la légende, les yôkaï vivent généralement loin des humains dans des régions reculées ou bien au contraire parmi eux, attirés par la curiosité de la nature humaine. Ils sont associés au feu et à l'été qui est la saison où le monde des esprits et celui des hommes sont le plus proche.
Avant de devenir des personnages, les yôkaï étaient des manifestations inexplicables. Par exemple "
le Laveur de Haricots". A l'origine, ce yôkaï avait été nommé "
le Lavage de Haricots" (
azuki arai) : la nuit, un paysan entend des bruits particuliers qu'il n'arrive pas à expliquer. Le jour, il tente en vain d'en comprendre l'origine. Avec d'autres villageois, il pose un nom sur le phénomène (en rapport avec le bruit fait quand il lave des haricots). Au fur et à mesure, le phénomène devient une entité à part entière, le "lavage" devient le "laveur". Les couches populaires préfèrent l'appellation d'
obake plutôt que de yôkaï.
Les yôkaï deviendront moins effrayant dès qu'ils seront illustrés : à partir du 12ème siècle on trouve un
kakemono (écrits en rouleau) intitulé le
Rouleau peint des Enfer, puis il y aura ensuite des livres illustrés (
yomi-hon), des peintures, des estampes et... des mangas!
Les familles de yôkaïLes imitateurs (
Henge, Mononoke)
Ce sont les yôkaï les plus connus tels que les Tanuki, les Kitsune (renard), les sangliers, serpents, chats, loups... Leur origine est animale et leur particularité est de pouvoir se transformer en être humain (souvent des femmes). On donne souvent des noms féminins aux mononoke et sont perçus comme des créatures féminines. Usant de la ruse, de pouvoirs magiques et autres tours de passe-passe, leur espièglerie trompe les humains. Ils peuvent aussi cracher du feu, créer des illusions, courber l'espace et le temps ou même rendre les gens fous.
Les démons (
Oni)
Ce sont des esprits démoniaques créant des catastrophes (équivalant du Gi chinois). "Oni" est souvent traduit par "ogre" et la population les craint. Représentés avec une peau colorée, deux cornes sur la tête, un gourdin (ou une épée), il est souvent presque nu (une simple tunique autour de la taille). Ces esprits malfaisants ont été incorporés au bouddhisme japonais dès le 13ème siècle. On les nomme suivant la couleur de leur peau (
aka-oni, ao-oni...). Ils gardent les enfers et torturent ceux qui y sont.
Les spectresIls représentent les esprits des morts.
Les objets vivants (
Tsukumogami)
Il s'agit d'objets usuels de la maison qui prennent vie et sont affublés d'un oeil, d'un bras, d'une langue ou d'un autre organe humain. Le folklore veut que tout objet ayant dépassé 100 ans prennent vie et reviennent martyriser leurs anciens propriétaires. Les plus connus sont les
Karakasa (parapluie à un oeil). Ils sont illustrés à partir de la période Edo.
Les yôkaï humanoïdesCertains yôkaï sont humains à l'origine et se sont transformés à cause de sentiments négatifs ou de sentiments émotionnels extrêmes. On raconte que certaines femmes souffrant de jalousie maladive furent transformées en oni portant le
masque de Hannya. d'autres sont
Rokuro-Kubi (des femmes au très long cou qui peuvent tout voir) ou
Futakuchi Onna (femme à deux bouches). Il y a aussi
Yuki Onna (femme des neiges), selon la légende, il s'agirait du fantôme d'une femme enceinte qui mourut dans une tempête de neige.
Les yôkaï les plus typiquesRokuri-kubi est récurrent dans les oeuvres de toutes les époques. Al'époque Edo, il est le chef des yôkaï. On le connait aussi sous le nom de moine voyeur.
Le Kappa ressemble à un homme mais vit dans l'eau et le sommet incurvé de son crâne doit toujours contenir de l'eau (c'est l'obake préféré des Japonais).
Le spectre est souvent représenté par une femme, très belle à l'origine. A partir d'Edo, elles vont devenir effrayantes voire grotesques.
Le Kitsune et le Taniki sont restés très vivants dans la culture japonaise avec le chat.
Il y a aussi le parapluie unijambiste (
Ippa Hoshi No Kana) et la femme araignée (
Jôro-gumo).