Les Aïnus

Considérés comme les 1er habitants de l'archipel, ils seraient venus de Sibérie durant l'ère Jômon (- 14500 à - 300). Ils ont subi les assauts de beaucoup de peuples pendant 3000 ans. Leur culture s'est développé dès le 8ème siècle. L'ère moderne a fait d'eux des indigènes gênants que l'on veut à tous prix adaptés à l'industrialisation. Ils n'ont pas eu le choix de la différence culturelle. Leur particularisme meurt peu à peu avec ses derniers défenseurs.

Les origines
La question de leur origine conserve encore des zones d'ombres. Leur morphologie les a assimilés aux peuples du Caucase. Cette version s'oppose à celle qui prétend qu'il s'agit d'un peuple d'origine mongoloïde, qui les rapprocheraient du Japon.
Ils constituent la 1ère population du Japon et occupaient l'île de Kyushu, avant de remonter vers Honshu, suite aux attaques des peuples du sud (les Yamato) qui voulaient s'approprier le sud puis Honshu. Presque 1000 ans de combats perdus poussent les Aïnus à se retrouver au nord de Honshu puis sur l'île d'Hokkaïdo dès le 11ème siècle. Ils habitent également les îles Sakahalines et Kouriles (appartenant à la Russie). La colonisation japonaise d'Hokkaïdo (15ème siècle), entreprise par les shôguns Tokugawa, confisque les terres des Aïnus. en 1860, leurs droits de chasse et de pêche (leurs moyens naturels de survie) sont supprimés.
L'ère Meiji ne fait qu'empirer leur statut, ouvertement considérés comme race inférieure, ils sont parfois à la limite de l'esclavage et la bataille de Hakodate fait de nombreuses victimes parmi eux. La différence culturelle dérange, les Aïnus doivent se fondre dans la masse : cela commence par l'éducation des enfants en langue japonaise et l'apprentissage des programmes nippons. La langue aïnue est interdite. Cela passe aussi par l'aspect physique : la tradition veut que les femmes arborent des tatouages bleus autour de la bouche (pour compenser leur manque de poils par rapport aux hommes) ; ils n'ont plus le droit de se tatouer. Les hommes à la barbe et aux cheveux fournis doivent dégager leur visage et attacher leurs cheveux.
Au 20ème siècle, ils perdent une grande partie de leur identité et la jeunesse se fond dans la masse. Beaucoup ne revendiquent pas leurs origines ; le mélange entre Aïnu et Japonais aboutit à un métissage qui concerne la quasi-totalité des individus (les Aïnus "pure souche" n'existe presque plus). La langue aïnue ne possédait pas d'écrit mais 19 dialectes, dans les 90's il en existait encore 2 mais en 1994 le dernier à savoir parler le shigeru est mort. Seul le tsishima subsiste. Les jeunes préfèrent apprendre le japonais pour pouvoir travailler et communiquer.



Aujourd'hui
Pour les Japonais, les Aïnus sont considérés comme des étrangers appartenant à une autre nationalité. Dans leur langage originel, "aïnu" signifie "homme". Mais la population tribale d'aujourd'hui préfère le terme d' "utari" (camarade). Les Japonais ont trouvé d'autres surnoms : Ebisu ou Ezo ("sauvage") ; l'ancien nom de l'île d'Hokkaïdo (Ezogashima) signifiait "l'île des sauvages" ; ou encore Tehito ("les hommes poilus").
Après des siècles d'ignorance et de mépris pour les Aïnus, la Diète (Parlement japonais) a voté une loi en 1997 qui reconnaissait l'existence des Aïnus comme minorité ethnique de l'archipel.




La culture aïnue
A Sapporo (sur l'île d'Hokkaïdo) un musée national aïnu a vu le jour, montrant l'artisanat typique : le travail du bois (incontournable de la culture aïnue), le travail des tissus chamarrés des kimonos.
L'animal fétiche des Aïnus est l'ours (kuma?!), cela vient de la religion des aïnus : ils n'ont jamais adopté le bouddhisme mais c'est proche par certains aspects du shintô (beaucoup de références à la nature et aux kami), et l'ours est le Dieu des Animaux pour les Aïnus.
Une infime partie de la population tente de continuer à vivre en harmonie avec la nature et les principes aïnus mais la majorité sert de vitrine touristique.
Il y a quelques années, certains Yukars (récits épiques aïnus) ont été traduits en japonais pour perpétrer certains symboles de cette culture.




Aujourd'hui ce peuple est balloté entre tradition millénaire et avenir personnel : un vrai défi.
Tout comme les Indiens d'Amérique, les Maoris de Nouvelle-Zélande ou certaines tribus d'Afrique noire, les Aïnus essaient de conserver leurs racines contre la modernisation.